"I get on here from day to day in a Robinson-Crusoe-like sort of way, very lonely, but that does not signify. In other respects, Ihave nothing substantial to complain of, nor is this a cause for complaint. I hope you are well. Walk out often on the moors. My love to Tabby. I hope she keeps well."And about this time she wrote to her father, "June 2nd, 1818, "I was very glad to hear from home. I had begun to get low-spirited at not receiving any news, and to entertain indefinite fears that something was wrong. You do not say anything about your own health, but I hope you are well, and Emily also. I am afraid she will have a good deal of hard work to do now that Hannah" (a servant-girl who had been assisting Tabby) "is gone. Iam exceedingly glad to hear that you still keep Tabby"(considerably upwards of seventy). "It is an act of great charity to her, and I do not think it will be unrewarded, for she is very faithful, and will always serve you, when she has occasion, to the best of her abilities; besides, she will be company for Emily, who, without her, would be very lonely."I gave a DEVOIR, written after she had been four months under M.
Heger's tuition. I will now copy out another, written nearly a year later, during which the progress made appears to me very great.
"31 Mai, 1843.
"SUR LA MORT DE NAPOLEON.
"Napoleon naquit en Corse et mourut e Ste. Helene. Entre ces deux iles rien qu'un vaste et brulant desert et l'ocean immense. Il naquit fils d'un simple gentilhomme, et mourut empereur, mais sans couronne et dans les fers. Entre son berceau et sa tombe qu'y a-t-il? la carriere d'un soldat parvenu, des champs de bataille, une mer de sang, un trone, puis du sang encore, et des fers. Sa vie, c'est l'arc en ciel; les deux points extremes touchent la terre, la comble lumi-neuse mesure les cieux. Sur Napoleon au berceau une mere brillait; dans la maison paternelle il avait des freres et des soeurs; plus tard dans son palais il eut une femme qui l'aimait. Mais sur son lit de mort Napoleon est seul; plus de mere, ni de frere, ni de soeur, ni de femme, ni d'enfant!!
D'autres ont dit et rediront ses exploits, moi, je m'arrete e contempler l'abandonnement de sa derniere heure!
"Il est le, exile et captif, enchaine sur un ecueil. Nouveau Promethee il subit le chatiment de son orgueil! Promethee avait voulu etre Dieu et Createur; il deroba le feu du Ciel pour animer le corps qu'il avait forme. Et lui, Buonaparte, il a voulu creer, non pas un homme, mais un empire, et pour donner une existence, une ame, e son oeuvre gigantesque, il n'a pas hesite e arracher la vie e des nations entieres. Jupiter indigne de l'impiete de Promethee, le riva vivant e la cime du Caucase. Ainsi, pour punir l'ambition rapace de Buonaparte, la Providence l'a enchaine, jusqu'e ce que la mort s'en suivit, sur un roc isole de l'Atlantique. Peut-etre le aussi a-t-il senti lui fouillant le flanc cet insatiable vautour dont parle la fable, peut-etre a-t-il souffert aussi cette soif du coeur, cette faim de l'ame, qui torturent l'exile, loin de sa famille et de sa patrie. Mais parler ainsi n'est-ce pas attribuer gratuitement e Napoleon une humaine faiblesse qu'il n'eprouva jamais? Quand donc s'est-il laisse enchainer par un lien d'affection? Sans doute d'autres conquerants ont hesite dans leur carriere de gloire, arretes par un obstacle d'amour ou d'amitie, retenus par la main d'une femme, rappeles par la voix d'un ami--lui, jamais! Il n'eut pas besoin, comme Ulysse, de se lier au mat du navire, ni de se boucher les oreilles avec de la cire; il ne redoutait pas le chant des Sirenes--il le dedaignait; il se fit marbre et fer pour executer ses grands projets. Napoleon ne se regardait pas comme un homme, mais comme l'incarnation d'un peuple. Il n'aimait pas; il ne considerait ses amis et ses proches que comme des instruments auxquels il tint, tant qu'ils furent utiles, et qu'il jeta de cote quand ils cesserent de l'etre. Qu'on ne se permette donc pas d'approcher du sepulcre du Corse avec sentiments de pitie, ou de souiller de larmes la pierre qui couvre ses restes, son ame repudierait tout cela. On a dit, je le sais, qu'elle fut cruelle la main qui le separa de sa femme et de son enfant. Non, c'etait une main qui, comme la sienne, ne tremblait ni de passion ni de crainte, c'etait la main d'un homme froid, convaincu, qui avait su deviner Buonaparte; et voici ce que disait cet homme que la defaite n'a pu humilier, ni la victoire enorgueiller. 'Marie-Louise n'est pas la femme de Napoleon; c'est la France que Napoleon a epousee; c'est la France qu'il aime, leur union enfante la perte de l'Europe; voile la divorce que je veux; voile l'union qu'il faut briser.'
"La voix des timides et des traitres protesta contre cette sentence. 'C'est abuser de droit de la victoire! C'est fouler aux pieds le vaincu! Que l'Angleterre se montre clemente, qu'elle ouvre ses bras pour recevoir comme hote son ennemi desarme.'
L'Angleterre aurait peut-etre ecoute ce conseii, car partout et toujours il y a des ames faibles et timorees bientot seduites par la flatterie ou effrayees par le reproche. Mais la Providence permit qu'un homme se trouvat qui n'a jamais su ce que c'est que la crainte; qui aima sa patrie mieux que sa renommee; impenetrable devant les menaces, inaccessible aux louanges, il se presenta devant le conseil de la nation, et levant son front tranquille en haut, il osa dire: 'Que la trahison se taise! car c'est trahir que de conseiller de temporiser avec Buonaparte. Moi je sais ce que sont ces guerres dont l'Europe saigne encore, comme une victime sous le couteau du boucher. Il faut en finir avec Napoleon Buonaparte. Vous vous effrayez e tort d'un mot si dur!